Ca tangue ^^

Foutue vie, foutu campus...Voilà en gros ce que refletait les pensées de Riley à cet instant même.
Il était 11h00 du matin, et la jeune femme était déjà bien éméchée. Elle avait profité d'une heure de pause dans ses cours pour aller boire un coup au premier café venu ... Sans compter la petite bouteille qu'elle cachait soigneusement dans son casier.
D'une démarche mal assurée , elle déambulait dans le couloir, cherchant sa salle de cours.
Arrivée au détour du couloir, elle manqua de bousculer un autre éléve, elle se colla au mur pour conserver l' equilibre.
Riley posa sa main sur son front, nauséeuse, et se laissa glisser assise au sol, le tant que son tourni et son envie de vomir passe...

Foutue vie...

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 16/10/2006

L'étudiant qu'elle manqua de bousculer était Marc. Ce dernier avançait à vive allure dans les couloirs, déjà en retard pour un cours. Il serrait contre lui son sac en bandoulière et esquivait les personnes qu'il croisait. Il était plutôt d'humeur détendue. Les ragots à son propos se taisaient doucement mais il ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur la nouvelle cible des cancans. En percutant Riley, il murmura du bout des lèvres un "excuses moi" avant de continuer sa route.
Ayant fait quelques mètres, il entendit alors un groupe de jeunes filles s'esclaffer. Marc n'était pas du genre à laisser traîner ses oreilles mais il distingua "elle est ivre!". Il se tourna pour voir qui était ainsi imbibé et en suivant les regards amusés remarqua alors Riley, assise au sol dans une position pas très gracieuse. La main sur le front, elle semblait avoir certaines difficultés à fixer son regard sur une chose. Il fronça les sourcils, décochant une oeillade noire aux jeunes pimbêches qui riaient et à la petite foule qui se dispersait pour aller en cours. Tant pis pour le prof! Marc se dirigea vers la blondinette au sol.
Il s'accrouopit auprès d'elle et lui releva le visage doucement plantant son regard cristallin dans celui de la jeune femme. Il plissa les lèvres en sentant une forte odeur d'alcool émaner d'elle.

"T'as bu?! Restes pas là...sinon tu vas être la proie des langues de vipère. Je vais t'aider."

Marc glissa une main sous une des aisselles de Riley et la souleva. Il était hors de question qu'il la laisse ainsi à la merci de tous. Il se dirigea, la portant plus que la soutenant jusqu'aux toilettes des filles. Il la déposa contre un mur, non loin d'une cuvette, au cas où, et alla passer un mouchoir sous l'eau froide. Il ne connaissait que trop bien cet état, l'ayant vécu à d trop nombreuses reprises.
Marc revint auprès de Riley et passa le linge humide sur son front, écartant les mèches blondes qui était collées au visage de la jeune femme.

Riley luttait contre la nausée, cherchant un point de repere stable, mais tout tournait autour d'elle. C'est à peine si elle entendait les esclaffements des pimbeches d'en face.
Puis elle sentit une main à la fois douce et ferme qui l'obligea à relever le menton... et elle se retrouva nez à nez avec un jeune homme, au regard d'azur.
Elle se forca à le regarder, jusqu' à en loucher legerement et se mit à glousser.

- "Tu sais que t'as de beaux yeux toi ??"

articula t elle laborieusement d'une voix pâteuse.
Puis elle se sentit soulevée, et transportée, jusqu'aux toilettes des filles.
Il la redéposa sur le sol, adossée au mur et à proximité d'une cuvette de WC.
Fort heureusement, la sensation nauséeuse passait progressivement, mais le sol continuait désespérement de tanguer dangereusement.

- "T'en fais pas pour moi..... je vais bien, oui ,oui , je vais tres bien."

Elle termina sa phrase dans un rire nerveux et saccadé qui se termina dans un sanglot.
Le jeune revint à ses côtés et lui passa un mouchoir humide sur le visage.
Riley ferma un instant les yeux, savourant la fraicheur et le soulagement procuré.
Revenant peu à peu sur terre, les brumes de l'alcool se dissipant sensiblement, elle rouvrit les yeux et se redressa legerement.
Riley était passablement désorientée... elle n'avait guere l'habitude que l'on lui vienne en aide ainsi, et un sentiment de honte l'envahie.

- "C'est bon ca va mieux , laisses moi maintenant"

marmonna t elle durement. D'une main, elle repoussa legerement Marc.

- "Vas t en, j'ai pas besoin qu' on m'aide..."

Avec le début de son dégrisement, l'euphorie procurée par l'alcool s'estompait aussi, laissant place au vide et à la tristesse...
Elle se redressa lentement, s'appuyant au mur.
Elle releva les yeux et vit son reflet dans le miroir qui tronait au dessus des lavabos. Le visage pâle et cerné, les cheveux en batailles, le regard hagard.... le beau tableau que voici!! Face à la réalité de sa déchéance, et de ce reflet qu' elle haissait, elle sentit les larmes lui monter aux yeux.
Marc était toujours à côté d'elle, pres à la retenir si elle vascillait vraisemblablement.

- "Laisses moi je te dis!!!! Ne te sens pas obligé de rester, j'en vaux pas la peine, vas t en !! "

Cette fois ci, les larmes coulaient pour de bon, et Riley avait carrément crié.
D'une main rageuse elle les essuya.

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 16/10/2006

Combien de fois par le passé Marc avait-il tenu le même discours? Dire qu'il n'avait pas besoin d'aide et qu'il allait bien. Lorsque l'on buvait jusqu'à la déraison c'était rarement pour "être bien", surtout lorsque l'on buvait seul. Riley ne s'en rendait pas encore compte mais elle avait besoin de quelqu'un et même si elle le repoussait, Marc n'abandonnerait pas. Elle était en train de tomber dans un gouffre vertigineux, elle mettait le doigt dans un engrenage dont Marc connaissait chaque rouage. Ca commençait avec de l'alcool et lorsque ce dernier n'était plus suffisant pour faire oublier ses souffrances intérieures on se mettait à le mélanger avec autre chose.

Riley se releva. Marc restait à ses côtés, les gestes de la jeune femme ne semblaient pas très assurés et autant éviter une chute. Elle protesta contre sa présence mais il ne dit rien, attendant le moment où elle ne pourra plus le repousser. Elle jetta un oeil au miroir qui était au-dessus du lavabo. Sous la lumière crue des néons, elle se retrouva face à elle mêm. Marc baissa la tête, se rappelant les propres contemplations qu'il avait eu de lui même lorsqu'il était ivre. Ce n'était jamais agréable. Parfois il y avait un déclic...mais qui durait jusqu'à la prochaine bouteille. Les yeux de Riley brillèrent avant que les larmes ne se mettent à couler de ses yeux. Elle les essuya d'un geste rageur.
Marc s'approcha d'elle et lui prit le poignet. De son autre main, il la força à le regarder droit dans les yeux. De sa voix douce, calme et éraillée il lui dit simplement.

"Désolé de te décevoir mais je ne suis pas du genre à passer ma route lorsque je vois quelqu'un dans le besoin. Et ne dis pas que tu ne vaut pas la peine, je crois que ça, c'est à moi d'en juger. S'il y a une personne dans cet endroit qui te comprendras c'est moi."

Il la lâcha avant de la prendre dans ses bras. Si elle se débattait il ne desserrerait pas son étreinte. Une fois la colère envers elle même et la rage passée, elle laisserait toute sa peine rejaillir. Du moins, lui avait toujours réagi ainsi.

Malgré ses injonctions peu aimables, Marc ne s'en allait pas. Au contraire, il insistait, et lui sortait le baratin qu' il pouvait la comprendre, etc, etc...
Mais Riley ne voulait pas qu'on la comprenne , ou qu'on l'aide... Elle voulait disparaitre, ne plus penser, ne plus exister...

Soudain , il la prit dans ses bras. S'en fut trop opour la jeune femme, qui se mit à crier tout en se débattant comme une tigresse.

- "Mais lache moi !!! Je te dis que j'ai pas besoin de ta foutue aide, tu peux pas me comprendre , je veux pas que tu me comprennes !!! "

vociférait Riley, tout en martelant de ses poings le torse de Marc. Les larmes coulaient de plus belle sur ses joues, mais elle n'en avait cure.
Elle se sentait pitoyable et misérable, et ne désirait qu'une chose, s'enfermer dans sa chambre et boire encore et encore, jusqu'a ce qu'elle ne ressente plus rien, que son esprit soit anesthésié sous l'effet de l'alcool.

- "Je veux pas.... je... je... je veux mourir..."

begaya t elle de facon incohercible, sa voix noyée dans les sanglots qui étaient de plus en plus spasmodiques.
Finalement, le visage caché dans le creux de l'épaule de Marc, elle s'effondra définitivement en sanglot, n'imposant plus aucune résistance à son étreinte, vaincue.

Ptogressivement, les sanglots se calmerent et s'espacerent, et les spasmes qui la secouaient également. Mais elle ne bougea pas pour autant, restant contre Marc.

- "Comment peux tu prétendre m'aider, ou me comprendre, alors que tu ne sais même qui je suis ni mon histoire..."

marmonna t elle d'une voix legeremenr enrouée.

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 16/10/2006

Imperturbable, Marc accusa les coups sans rien dire. Ces périodes de colère il les avait vécu. Cette haine éprouvée envers le monde entier et surtout envers soi-même. Il n'allait pas lâher Riley aussi facilement. Et pour la compréhension, il était le mieux placé pour en parler. Il ne savait pas ce qu'avait vécu la jeune femme, il ne s'intéressait guère aux bruits de couloirs et aux histoires d'amour des autres étudiants. Marc laissait ça aux autres, il voulait simplement vivre sereinement quitte à rester un nonyme ou une personne transparente.
Riley continua à se débattre jusqu'à ce que de guerre lasse, elle abandonne la lutte pour enfin se laisser aller. Elle se blottit contre lui, nichant son visage dans son cou. Marc se contenta de la serrer légèrement contre lui tout en lui caressant les cheveux d'une façon très paternelle en murmurant des mots d'apaisement. Mourir? Là encore il ne répondit rien, attendant simplement que la jeune femme soit plus calme pour pouvoir l'entendre et surtout l'écouter.
Les tremblements qui secouaient ses épaules cessèrent progressivement pour cesser. La question qu'elle lui posa lui indiqua qu'elle ne savait pas à qui elle s'adressait. Etonnant qu'elle n'ai pas entendu parler de lui...à moins que sa déprime ne l'avait déjà coupé des autres et donc des ragots.

"Je crois au contraire être la personne la plus à même de te comprendre. Je m'appelle Marc Scott et je suis passé par l'alcoolisme et la toxicomanie. Dieu merci je m'en suis sorti. Mais je sais exactement pourquoi on se réfugie dans ce genre de paradis artificiels et comment s'en sortir."

Il avait parlé d'une voix calme. Marc avait appris à rester serein en de nombreuses occasions. Après sa déchéance, après être sorti du gouffre une étrange maturité et une lucidité digne d'une maître zen s'étaient emparées de lui.

"Tu dois te sauver seule. Mais pour remonter la pente, tu auras besoin d'un guide. Si tu veux t'en sortir, je serais cette personne. Je ne te force pas à accepter immédiatement cette proposition. Réfléchis-y quelques instants. Veux tu t'en sortir?"

Riley demeura tout d'abord interdite face aux paroles de Marc.
Marc Scott.... ce nom ne lui était pas étrangé, mais elle devait avouer que depuis la rentrée et sa rupture avec Brian, elle s'était relativement coupée du monde extérieur.
Elle se sentait soudain ridicule et misérable.
Pourquoi se montrait il ainsi aussi gentil ,patient et compréhensif avec elle? C'était un ex alcoolique, un ex toxico, et il s'en était sorti...bien, tant mieux pour lui. Mais pourquoi s'enteter a l'aider, elle, une pauvre fille larguée par son mec et completement paumée? Qu'avait elle de si interessant à ses yeux?
Elle s'écarta de lui lentement, et passa une main dans ses cheveux pour chasser ses meches rebelles devant son visage.

Et puis, Riley ne pouvait admettre qu'elle soit alcoolique... non, elle ne se sentait pas bien en ce moment et boire quelques verres l'aidait à se sentir mieux, mais cela passerait...

- "Ecoutes, c'est gentil à toi de vouloir m'aider, mais je ne suis pas une... alcoolique. Je traverse une mauvaise passe et j'ai pas le moral en ce moment voila tout. Je bois quelques verres histoire de me vider l'esprit , mais c'est tout."

Pourquoi ses paroles sonnaient elles fausses à voix haute, alors que dans sa tête cela sonnait vrai?
Comme pour la déscridibiliter, le miroir devant elle lui renvoyait son reflet , le masque de sa déchéance...
Elle ferma les yeux un instant... Etre seule, s'éloigner de cet endroit, boire un verre ou deux, et oublier... le néant , voilà ce qu'ele souhaitait. Le néant, ne plus rien ressentir, ni physiquement , ni émotionnellement.
S'en sortir? Comment pouvait elle s'en sortir alors qu'elle se détestait?

- " S'il te plait, ne perds pas ton temps betement avec moi. Si tu veux m'aider, laisse moi tranquille."

Oui, la laisser tranquille, la laisser sortir de cet endroit, et finir sa journée dans un bar ou dans son lit... La laisser oublier sa misérable existence qui ne valait rien.

Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 16/10/2006

Les paroles de Riley sonnaient creux. Elle continuait à se voiler la face plutôt que d'affronter les choses. Elle fuyait, elle fuyait ses soucis, les problèmes et les embûches que la vie avait pu mettre sur son chemin. Marc ne connaissait que trop bien, cette fuite que les "addicts" engageaient. Il n'y avait nulle lâcheté dans ce geste, juste un immense besoin de se raccrocher à quelque chose qui fera oublier ce que l'on vit.
Le jeune homme ne détacha pas son regard de Riley. Il se contenta simplement de secouer légèrement la tête en silence. Il ne laisserait pas tomber aussi facilement. Il attendit que la jeune femme ai fini par le classique conseil qu'il valait mieux qu'il la laisse...lui aussi avait proféré ces mêmes paroles mais avec un peu plus de véhémence alors.

"Tu as des problèmes, certes, mais nous avons tous. Plus ou moins importants d'ailleurs. Tu les fuis ces problèmes. Tu prétends que tu n'es pas alcoolique mais pourrais tu te passer de ton alcool une journée? Pourais tu vivre ne serait-ce qu'une après midi sans avoir besoin de porter tes lèvres à un goulot?"

Il arqua un sourcil à cette dernière question.

"Ce serait inhumain de ma part de te laisser tranquille. Quand à mon temps, je pense que c'est à moi de décider de la façon dont je souhaite le perdre."

Marc tourna son visage vers le miroir qui les reflétait. Riley qui avait l'air si perdue et perturbée, et lui, qui portait encore et toujours les anciennes stigmates de son passé orageux sur ses traits. Ses joues étaient un peu creuses et il n'était pas rare qu'il ai les yeux cernés. Les substituts qu'il avalait pour que son addiction soit définitivement derrière lui n'avaient pas que des effets bénéfiques.

"Ecoutes moi...je te laisse mon numéro de téléphone. Tu peux m'appeler quand tu veux, dès que ça ne va ou que tu sens que tu vas craquer ou boire. Même si c'est en plein milieu de la nuit...je te répondrais, dit-il en lui relevant le visage et en scellant son regard clair au sien. On a toujours besoin de quelqu'un. L'être humain n'est pas fait pour être seul. Tu me promets de m'appeler? Ou de me contacter?"